En Allemagne aussi, l’infrastructure de transport fait polémique

schienenActuellement, la Suisse n’est pas le seul pays où le débat sur le futur financement de l’infrastructure de transport fait rage. En Allemagne par exemple, le 1er Congrès sur la mobilité, qui a eu lieu fin 2013 à Francfort, a lancé un appel demandant la fin du sous-financement chronique. «Les politiques doivent garantir un financement intelligent de l’infrastructure dans le secteur des transports, réduire la bureaucratie et mettre en place des procédures d’autorisation accélérées», y déclare-t-on.

Selon le Pr Knut Ringat, président de la Deutsche Verkehrswissenschaftliche Gesellschaft (DVWG), la Société scientifique allemande des transports, organisatrice du congrès, les politiques n’ont pas fixé les bonnes priorités jusqu’à présent. «Le nouveau gouvernement fédéral doit se détacher du principe de représentation proportionnelle régionale et mettre la priorité sur les nouveaux tronçons ou tronçon d’extension où les goulets d’étranglement se dissipent rapidement et où il est possible de renforcer les nœuds de transport.» De la même manière, il faudrait mettre un terme à l’opposition systématique «route contre rail» et créer des points de connexion intelligents permettant de «délaisser ébauches et solutions partielles.» Une stratégie politique globale est selon lui nécessaire avec des objectifs clairs pour l’infrastructure.

Car cette dernière s’approche toujours plus de la limite de saturation. Selon les estimations de la Deutsche Bahn, il existe actuellement un blocage des investissements pour les voies, les ponts, les aiguillages et les postes d’enclenchement de plus de 30 milliards d’euros. «Si rien ne change, le retard passera d’ici 2020 à une somme pharaonique de 50 milliards d’euros», prévient Rüdiger Grube, directeur de la DB. Dans le trafic de marchandises, cela est encore plus flagrant. Il arrive souvent que de nombreuses voies principales soient bouchées, impliquant des retards. Le trafic voyageurs a toujours la priorité sur les trains de marchandises qui doivent donc patienter. À cela s’ajoutent des ponts vétustes et des lignes électriques manquantes. «Si l’Etat n’investit plus, le rail sera encore davantage relégué au second plan», prévient Andrea Neid, spécialiste des transports auprès de l’association de l’industrie chimique allemande VCI. «Les politiques ont cerné le problème. Il s’agit maintenant d’agir vite.»

Il est vrai qu’en Allemagne, le nouveau gouvernement souhaite, selon l’accord de coalition, consacrer environ cinq milliards d’euros à l’infrastructure au cours des 4 prochaines années et parvenir à une augmentation sensible de la capacité du trafic ferroviaire grâce à l’élimination ciblée des goulets d’étranglement. Mais pour nombre de spécialistes de la branche, ce n’est là qu’une goutte d’eau dans la mer, qui n’est d’ailleurs même pas ancrée dans un concept global. «La mise à disposition de cinq milliards d’euros (financement non encore assuré) pour l’infrastructure est certes une initiative louable, mais qui suit une fois de plus le principe de l’arrosoir et pas celui d’une planification et d’un financement global durables de projets pour l’infrastructure de transport», critique Martin Randelhoff dans le blog Zukunft Mobilität (Avenir de la mobilité).

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